Solastalgie ou la douleur du paysage perdu
Dans un monde où la trame de notre environnement évolue sous l’impulsion des changements climatiques, un sentiment nouveau, mais de plus en plus commun, se fait jour. Connaissez-vous la solastalgie ? Cette éco-anxiété particulière est un phénomène qui mérite notre attention et compréhension.
La solastalgie se manifeste comme un malaise profond, une détresse émotionnelle causée par les changements irréversibles de notre environnement. C’est une réponse à la perte de ce qui nous était autrefois familier et rassurant dans notre paysage quotidien. Mais au-delà de la définition, comment vivons-nous cette transformation de notre cadre de vie ? Comment affecte-t-elle vraiment notre santé mentale et notre bien-être ? Dans un second temps, j’aborderai avec vous comment l’hypnose ericksonienne peut apporter aider à transformer ces sentiments de perte en une lucidité motrice pour l’action et le changement positif pour la planète.
Comprendre la solastalgie
Dans notre monde en constante évolution, où les changements climatiques se font de plus en plus ressentir, un terme a émergé il y a tout juste une vingtaine d’années pour décrire un mal-être spécifique lié à ces bouleversements : la solastalgie. Ce concept, introduit par le philosophe environnementaliste australien Glenn Albrecht, vise à mettre des mots sur une forme de détresse psychologique. Mais qu’est-ce exactement que la solastalgie ?
La solastalgie, selon Albrecht, décrit la douleur ou le malaise ressenti lorsque l’environnement qui nous entoure change de manière irréversible, affectant notre sentiment d’appartenance et notre bien-être. Ce n’est pas simplement la nostalgie ou le désir d’un passé idéalisé, mais plutôt une réponse émotionnelle profonde aux perturbations écologiques directement observées dans notre environnement immédiat. Cette détresse n’est pas seulement individuelle mais aussi collective, reflétant une préoccupation croissante pour la santé de notre planète.
À une époque où les questions environnementales prennent de plus en plus d’importance, reconnaître ce sentiment permet non seulement d’adresser un aspect souvent négligé de notre bien-être mental, mais aussi d’encourager une prise de conscience et une action collective. En mettant un nom sur ce mal-être, on ouvre la voie à des discussions plus profondes sur la manière dont nous interagissons avec notre environnement immédiat et notre planète et sur les mesures que nous pouvons prendre pour atténuer ces sentiments de perte et d’impuissance.
Cette prise de conscience est essentielle, non seulement pour notre santé mentale individuelle, mais aussi pour notre capacité collective à répondre efficacement aux défis environnementaux de notre époque. En comprenant la solastalgie, nous nous armons d’une sensibilité accrue à l’impact de nos actions sur l’environnement, et nous renforçons notre détermination à œuvrer pour un avenir plus durable et harmonieux.
Quand la solastalgie s’immisce dans notre quotidien
Dans un monde où les changements environnementaux sont de plus en plus palpables, la solastalgie se manifeste comme une réponse émotionnelle à ces perturbations. Bien que non classifiée comme une pathologie dans les manuels de diagnostic tels que le CIM ou le DSM, la solastalgie peut agir comme un catalyseur pour d’autres troubles préexistants.
La solastalgie se caractérise en effet souvent par un sentiment d’accablement et de tristesse lié à la dégradation de l’environnement. Les symptômes peuvent inclure un sentiment de perte, de désespoir ou d’impuissance face aux changements écologiques observés. Cette affliction peut se manifester par de l’anxiété, de la mélancolie, voire une perturbation du sommeil ou de l’appétit, réactions émotionnelles profondes face à un environnement qui change irréversiblement.
Contrairement aux troubles anxieux classiques, la solastalgie n’est pas une peur irrationnelle. Elle est une réponse émotionnelle à une réalité environnementale concrète et changeante. Le Professeur Antoine Pelissolo, psychiatre spécialiste des troubles anxieux, souligne dans cette interview sur France Inter :
« Il n’est pas question de parler de maladie mentale, car c’est en réalité une réaction plutôt saine. Le problème, c’est l’excès de retentissement pour la personne qui souvent correspond à une forme de fragilité émotionnelle. »
Professeur Antoine Pelissolo, France Inter, Extrait de « Grand bien vous fasse: Comment lutter contre l’éco-anxiété ? » Mardi 30 novembre 2021
Cela suggère que, bien que la réaction soit compréhensible, sa profondeur peut varier selon la résilience individuelle. La solastalgie peut donc influencer de manière certaine la qualité de vie. Les individus affectés peuvent se sentir déconnectés de leur environnement, éprouver une difficulté à se projeter positivement dans l’avenir ou se sentir impuissants face à l’ampleur des problèmes écologiques.
Par exemple, j’ai moi-même pu noter dans mon cabinet d’hypnose à Bordeaux, une recrudescence de ces demandes suite aux incendies qui ont ravagés les pinèdes landaises à l’été 2022. Le professeur Pelissolo ajoute dans cette même interview : « Ces personnes vont se laisser prendre par cet envahissement qu’on peut considérer comme cohérent, mais qui s’apparente souvent à une forme de sidération. Le but, c’est de parvenir à passer cette étape de sidération pour passer à autre chose. » Cette transition est essentielle pour transformer le sentiment d’impuissance en une force motrice pour le changement.
Soulager la solastalgie avec l’hypnose
Lorsque nous confrontons la solastalgie, ce mal-être lié à la perte de notre environnement familier, l’hypnose ericksonienne apparaît comme une approche thérapeutique digne d’intérêt. Ce chapitre examine comment l’hypnose ericksonienne peut être une solution pertinente, comment elle aide à faire son deuil d’un environnement perdu et l’importance de consulter un.e hypnothérapeute qualifié.e. Mais avant tout, il est indispensable de rappeler que l’hypnose ne remplace pas un suivi médical ou psychiatrique nécessaire en cas de symptômes sévères.
En quoi l’hypnose ericksonienne est une solution à envisager lors des premiers signes de solastalgie ?
L’hypnose ericksonienne, avec sa méthode douce et respectueuse de l’individu, offre un espace pour transformer positivement les sentiments de perte et d’impuissance liés à la solastalgie. Elle aide à explorer et à restructurer les pensées et émotions liées à la détérioration environnementale, permettant ainsi une meilleure gestion du stress et une adaptation plus bénéfique à ces changements.
Comment l’hypnose aide à faire le deuil d’un environnement perdu ?
En se basant sur les étapes du deuil de Kübler-Ross – déni, colère, marchandage, dépression, acceptation – l’hypnose ericksonienne peut faciliter le parcours émotionnel complexe associé à la solastalgie. Elle aide les personnes à progresser vers l’acceptation, en transformant la tristesse en une force motrice pour des actions concrètes et positives en faveur de l’environnement.
L’importance de consulter un.e hypnothérapeute au fait des émotions climatiques
Il est essentiel de choisir un.e hypnothérapeute spécialiste des questions d’éco-anxiétés, qui comprend l’impact des émotions climatiques et qui est familier avec le concept de solastalgie. Un.e praticien.ne bien informé.e peut fournir un soutien plus ciblé et efficace, aidant les personnes éco-anxieuses et ou solastalgiques à naviguer à travers leurs émotions complexes pour trouver des voies de résilience et d’engagement actif: une éco-lucidité accessible à tout à chacun.e.
Vers un avenir plus vert et plus serein
La solastalgie, cette forme d’éco-anxiété à la fois complexe et profondément humaine, n’est pas une simple nostalgie du passé, c’est une réaction émotionnelle à la perte irrémédiable de notre environnement par la faute de l’action humaine. C’est véritable un appel de notre être intérieur face aux changements irréversibles qui impactent notre planète et par extension notre bien-être.
L’importance de se reconnecter avec la nature et de renouer avec notre environnement ne peut être sous-estimée. En comprenant notre douleur face à la perte environnementale, nous ouvrons la porte à une prise de conscience plus profonde de notre rôle dans la préservation et la restauration de notre planète. Cette connexion renouvelée avec la nature est un pas vers un avenir plus vert et serein, où notre santé mentale et la santé de notre Terre sont intimement liées.
Je ne peux que vous encourager à explorer davantage ce sujet, à rejoindre des communautés qui partagent ces préoccupations, et à trouver un soutien dans le partage de vos expériences et émotions. Le rôle de la communauté et du soutien social dans la gestion de la solastalgie est inestimable. Ensemble, nous pouvons transformer notre éco-anxiété en une force motrice pour le changement, en puisant dans notre capacité collective à agir et à inspirer.
Enfin, rappelons-nous que des approches comme l’hypnose ericksonienne, offrent cependant des outils pour mieux gérer le stress et favoriser une adaptation positive aux changements environnementaux quand la douleur semble insurmontable.
En reconnaissant et en comprenant la solastalgie, nous faisons un pas vers un avenir où notre relation avec la Terre est plus consciente, plus respectueuse et finalement plus saine. Alors en cette fin d’année, tournons-nous vers ce futur avec lucidité et engagement, prêts à faire face aux défis environnementaux avec un esprit renouvelé et un cœur plein d’espoir.